Plateforme interprofessionnelle
pour protéger les enfants et ados des violences sexuelles
Protégeons les enfants et les ados de toutes les violences
Concrètement, les enfants et les ados peuvent subir plusieurs violences en même temps :
du racisme, du validisme, des violences liées à leur genre ou à leur orientation sexuelle, de la grossophobie, des violences socio-économiques, une criminalisation accrue malgré des violences subies impuni-es, violences éducatives et intra-familiales diverses .... et bien sûr violences sexuelles. Cela forme un continuum de violences qui s’entremêlent et font souvent "boule de neige".
Concrètement, en tant que professionnel-les nous n'en avons souvent pas conscience, car nous ne les vivons pas : nous sommes en partie privilégié-es et n'en percevons donc que certaines. Alors à nous de les prendre mieux en compte pour pouvoir protéger les enfants et les ados qui les subissent.

Avant de commencer :
un aperçu de ce que nous ne percevons pas
Avoir une idée de nos privilèges c'est commencer à percevoir qu'on a des œillères sur les souffrances des autres. Cela ne veut pas dire qu'on est un-e "méchant-" privilégié-e ! Mais qu'on peut être un peu plus humbles et apprendre des personnes concernées, notamment des enfants et des ados qui subissent des violences que nous ne pouvons souvent pas imaginer.
La "roue des privilèges" permet de se rendre compte schématiquement de là où sont nos privilèges (pas de se rendre compte de ce que vivent concrètement celles et ceux qui ne les ont pas). Pour y "jouer" c'est par ici !
Ressources

Comme pour les questions de racisme ou de validisme, les enfants et les ados concernées sont des cibles privilégiées :
- entre enfants et entre ados.
A l'école, on apprend vire que "le masculin l'emporte", les règles de grammaire ne viennent que rappeler une loi qui semble naturelle tellement elles est la norme partout, tellement elle est intégrée dès le plus jeune âge: la cours de récréation est aux 3/4 occupée par le foot et gare à qui ose la traverser, maman fait les courses, la cuisine, le ménage, aide aux devoirs et doit chouchouter papa quand il rentre du travail, mais elle ? Dans les dessins animés, on voit encore massivement des garçons courageux et intelligents sauver le monde et des filles pleurnicher, les aider (quand même) et se faire sauver (quand on n'a pas le droit aux versions porno du dit dessin animé "pour enfant"). Et on comprend vite qui a le droit de parler fort en coupant la parole.
Il ne fait pas bon "être un sale pédé' ou déclaré tel parce qu'on a des gestes efféminés. Déjà qu'on a vite compris qu'on "n'est pas un vrai mec si on en a rien à faire du foot", et donc qu'on a pas les mêmes droits que les autres... Quant à être amoureuses entre filles : se dire lesbienne c'est parfois imprononçable... ou plutôt inaudible ! Et/ou ça tombe dans la cas très dangereuse du fantasme masculin et de l'appel au viol. Alors rester "Best Friends For Ever", même pour soi-même, c'est parfois plus simple. Et puis,quel modèle adulte on a pour grandir ? De plus les personnes homosexuelles questionnent de par leur existence la perpétuation de la famille "Mais alors, je ne serais jamais grand-mère?" Se dire trans ou non-binaire, dans le cadre familial, c'est souvent LA trahison absolue, qui s'exprime chez certain-es par : "tu n'es plus mon fils/ma fille" ou "moi je sais qui tu es vraiment"... en continuant à mégenrer la jeune personne. Concrètement, l'exclusion familiale est souvent massive, et mène a des ruptures douloureuses et très fragilisantes, certains ados se retrouvant à la rue.
- Politiquement aux échelles nationale et mondiale. Des partis homophobes et transphobes sont au pouvoir ou aux portes du pouvoir dans de nombreuses "démocraties occidentales". Malgré quelques exemples mis en avant (oui et ils ont aussi un ami noir en rayon, enfin s'il leur en reste), le programme est clair : la permission (temporaire ?) à survivre mais pas d'égalité avec les personnes dont le genre et l'orientation sexuelle est dominante, l'interdiction de tout droit de faire famille, et l'interdiction de toute représentation dans les écoles comme dans la rue, avec comme référence, la famille "traditionnelle" , la religion ou carrément le régime nazi ou pétiniste. Comment grandir avec une telle menace qui criminalise les adultes ? Alors qu'on en est juste à l'âge de se questionner, de se demander si on est ami-e ou amoureux avec un ou une telle, et ce que ça peut vouloir dire ?
Et comment ne pas relever la perversité de celles et ceux qui prétendent défendre l'enfance en s'attaquant "aux LGBT" et qui étouffent tout discours sur les violences intra-familiales, à commencer par l'inceste ?
- Pour les violeurs.
Les jeunes qui sortent des normes de genre et d'orientation amoureuses dominantes sont fragilisé-es et violenté-es, iels sont des proies d'autant plus faciles pour les violeurs (par homophobie et transphobie ou juste parce que c'est plus facile de violer un-e jeune en rupture familiale ou qui se sent incompris-e. Avec ou sans la fameuse ritournelle : "mais moi je l'aime et je le/la comprends, alors que sa famille la/le rejetait", "vous ne pouvez pas comprendre ce que nous vivions". Il y a aussi la version sociopathe : "Ses parents n'avaient qu'à mieux la/le protéger. elle/il était faible, je me suis servi bien sûr."

Protéger les enfants des violences intrafamiliales et des violences éducatives, à la fois physiques et psychiques.
Les violences intrafamiliales inclues
- les violences physiques dont les coups "histoire de lui apprendre" ou "histoire de rappeler qui est le maître ici", ou "parce qu'une baffe n'a jamais tué personne" (sauf des milliers d'enfants - et de femmes).
- les violences psychologiques, notamment l'imposition tyrannique de la volonté adulte sur les enfants, de l'absence de dialogue jusqu'à des formes de violences assimilables à du contrôle coercitif
- des maltraitances par négligences et absence de soins primaires,
- les violences conjugales allant jusqu'au féminicides, et dont les enfants sont témoins, objets par procuration, ainsi que victimes "collatérales".
- les violences à caractère sexiste et sexuel, notamment les violences de genre (la soumission féminine est une éducation précoce et l'homophobie et la transphobie familiale poussent des jeunes au suicide, ou à préférer vivre à la rue ou à la merci d'adultes parfois malveillants) , ainsi que l'incestuel et l'inceste.
Au nom du caractère "sacré" de la famille ou d'une éducation... qui perd alors tout caractère de cadre clair et bienveillant. Au nom d'une "autorité" auto-déclarée qui fait là l'aveu de son incapacité abyssale à vivre en relation.

Protéger les enfants des différentes formes de racisme
Des préjugés et des privilèges inconscients aux idéologies haineuses en passant par un déni de l'Histoire collective, l'absence de modèles et aux plafonds de verre, les enfants doivent affronter très tôt un racisme qui ne dit pas son nom ou qui s'exprime de plus en plus ouvertement.
Les théories racistes se sont construites avec le colonialisme et l'esclavage. Elles en portent toute la violence. Celle d'une déshumanisation radicale. Elles s'articulent aussi avec les violences sexuelles et genrées et avec le validisme de par son but (la suprématie de la pseudo "race blanche" ), ainsi que par ses formes multiples :
- la violence extrême et l'exigence de relations normales et "civilisées"
- le déni de l'Histoire (ici coloniale et esclavagiste, là familiale),
- l'inversion des rôles (ici le "racisme anti-blanc", là la faute de la victime d'agression),
- l'ignorance crasse de ce que vit l'autre, les préjugés... et l'envie bien confortable d'y rester
- la négation même des problèmes au nom de "l'universalisme" et ou de la "civilisation"
- etc.
Tout cela dans la manière même dont un prof écoute un enfant et pas un autre, recadre une bêtise, dans la manière qu'a un médecin urgentiste de ne pas prendre au sérieux un malaise (parfois mortel), dans la manière qu'à un journaliste de laisser se tenir des discours sans intervenir, au nom de la "neutralité", dans la manière dont un juge va prendre en compte une affaire dans sa globalité ou dans celle dont des policiers vont opérer des contrôles de papier ou pour possible trafic de stupéfiants... Les règles sont implicites mais très concrètes, allant jusqu'à une potentielle mort. Pour beaucoup de personnes racisées, dès l'enfance ou l'adolescence, la leçon est vite apprise. Alors que pour les personnes blanches nées au "Pays des droits de l'Homme", grandir dans le mythe qu'on a civilisé le monde entier est la règle.

Protéger les enfants des violences validistes, psychophobes et grossophobes
Les violences validistes sont les violences qui ajoutent difficultés et souffrances à la vie des personnes handicapées.
Une personne handicapée est une personne qui a un handicap : sa différence de fonctionnement dans notre société est trop importante. Elle ne lui permet pas une certaine autonomie dans ce contexte, ou bien en payant un prix exorbitant.
Ce n'est pas juste elle qui est différente. C'est la société qui ne la prend pas en compte. Le validisme commence là : faire porter toute la charge du handicap sur la personne handicapée. C'est une sorte de maladie de la norme. La plupart des enfant peut monter des marches dès 2 ans. Donc tous les enfants peuvent aller à l'école (même si pour aller en classe il faut monter les escaliers en fauteuil roulant).
Les handicaps peuvent être sensoriels, moteurs ou psychiques. Ils peuvent être perceptibles et compréhensibles dans l'idée par le plus grand nombre (comme un handicap moteur pas pour autant pris en compte) ou pas.
La question du handicap pose la question de l'attention et du soin nécessaire pour établir une relation avec une personne qui ne fonctionne pas comme pareil que moi - ou que "nous". Surtout quand il s'agit d'enfants. L'injonction à la gentillesse, sur le terreau de l'ignorance et du déni, c'est comme l'injonction à la charité envers des esclaves.
Par inconscience, par déni et indifférence ; par mépris et par haine, des enfants handicapé-es, ont la vie encore plus dure tant de la part des enfants que des adultes... Le système scolaire et médical sont souvent d'une violence extrême, tout en se prévalant de bienveillance et d'inclusivité... et ce dans la lignée de la lourde Histoire de l'eugénisme qui a pu culminer avec le nazisme et le pétinisme.
En plus d'être des cibles privilégiées de certain-es de leurs camarades et d'une société qui souvent les exclut, les enfants handicapé-es sont aussi des cibles privilégiées des prédateurs sexuels. Elles et ils sont 3 fois plus victimes de violences sexuelles que les autres, 5 fois plus en cas de handicap psychiques (et vous multipliez ces chiffres par 3 ou 4 s'il s'agit de filles).
Les violences grossophobes ne relèvent pas du handicap, mais elles font parties de violences envers des corps jugés différents et anormaux. En cela elles sont aussi liées à la construction de la blanchité et du racisme.

Protéger les enfants des violences socio-économiques
Etre enfant et SDF ou à la rue comme 42 000 enfants en France.
Vivre dans une chambre d'hôtels au milieu d'adultes pas toujours bien intentionnés.
Ne pas avoir de chambre pour les enfants et vivre dans un appartement surpeuplé, sans chauffage aux murs moisis.
Devoir faire ses devoirs sur les toilettes ou ne pas avoir le droit de rentrer à la maison avant l'heure du repas et du coucher car déjà avec les tout-petits il n'y a plus de place.
Etre moqué parce qu'on n'a pas de chaussettes dans ses chaussures en hiver, et parce qu'on a toujours le même manteau trop petit.
Ne pouvoir manger qu'un repas par jour à la cantine dans les villes où elle est quasi gratuites... ou ne même pas pouvoir s'y inscrire mais dire dignement du haut de ses 5 ans qu'on mange bien car à la maison "il y a du pain à tremper dans le café".
Mettre des vêtements donnés mais pas lavés et attraper la gale : faire fuir ses camarades à cause des pelades et être exclu de l'école le temps d'être soigné-e... mais par qui ?
Ne pas avoir accès aux soins de base car maman n'a pas les bons papiers et que la CMI on ne peut plus l'avoir. tomber malade, la bronchite, la pneumonie, les urgences...
Ne pas avoir accès à une psychologue qui sache ce que c'est la misère, et qui puisse même imaginer ce que c'est la traversée de la Méditerranée pour retrouver sa maman qui nous attend de l'autre coté de l'eau glacée, alors que les hommes viennent de nous faire des choses horribles avant qu'on ait pu aller dans le bateau.
Ne pas pouvoir s'acheter de tampon ou de serviette hygiéniques et "se débrouiller. Risquer la septicémie.
Etre dehors dans le froid glacial en chemise, accepter un hamburger et un blouson par les grands de la bande locale. Commencer à gagner plus que papa, juste en transportant des sandwichs "fourrés" d'un bout de la place à l'autre. Et de fil en aiguille frôler la mort.
Vouloir tout faire pour que ma petite sœur puisse faire des études, elle, même accepter le pire de ce monsieur... "mais de toutes façons je connais déjà".
C'est ce qui arrive à des milliers et des milliers d'enfants et d'ados. Et cela a des causes identifiables, et des solutions qui dépassent la charité.Au moins, dans nos métiers, ne soyons pas dupes et complices.

Protéger les enfants des guerres et des trafics.
Lutter pour leurs droits et contre leur criminalisation.
Des enfants et des ados sont de moins en moins considéré-es comme des mineur-es ayant des droits dus aux enfants, et ayant besoin d'aide - alors que certain-es ont subi-es des violences adultes gravissimes et restées impunies.
Parfois uniquement du fait de ne pas avoir de papiers en règle.
Parfois en tombant dans une délinquance de survie pour ne pas retourner chez eux ou en centre éducatif fermés.
Parfois en tombant dans des mafias.
D'autres, parfois les mêmes, sont vendus comme des marchandises, qu'il s'agissent de réseaux de drogue, de prostitution, d'esclavage moderne, ou encore à l'adoption internationale.
D'autres, et parfois le mêmes subissent l'apartheid ou l'esclavage avec la complicité des grandes puissances.
D'autres, parfois les mêmes, sont visé-es en tant qu'enfants, dans des déplacements forcés, des enlèvements de masse, des viols et des massacres systématiques - sans aucune protection internationale, ni reconnaissance d'aucun statut de réfugié-es possible.
Qui sommes-nous pour les abandonner ?