Plateforme interprofessionnelle
pour protéger les enfants et ados des violences sexuelles


Ensemble contre les violences liées au sexe, au genre et à l'orientation sexuelle ou amoureuse
Il ne s'agit pas de viols et d'agressions sexuelles, mais ces violences participent du même système de violences pour inférioriser, asservir et priver de leur droit les enfants et ados victimes. Elles s'apprennent très tôt, notamment avec la construction de genre binaire garçons/filles, le "masculin l'emportant sur le féminin" jusque dans les règles d'écriture apprises et sanctionnées à l'école. Elles servent de plus de terreau aux violences sexuelles, selon une hiérarchie que les violences servent entre autre à entretenir.

Pour commencer : "sexe", "genre"... de quoi parle-t-on ?
Ces questions ont été instrumentalisées pour un agenda qui n'a rien à voir avec la protection de l'enfance. Certaines personnes, de bonnes fois peut-être, se laissent entrainer dans des paniques qui masquent les vraies violences. Alors avant de parler des violences subies par les enfants et de s'entraider pour que ça change, on fait le point.
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Le sexe déclaré à la naissance
Ce sont nos organes génitaux... à la naissance :
Si je nais avec une vulve, je suis déclaré-e de sexe féminin. Si je né-e avec un pénis, je suis déclaré-e de sexe masculin... Et si je nais avec des organes génitaux ni "vraiment masculins", ni "vraiment féminins" (ou que ça évolue au cours de mon enfance) - comme pour 1% des humains (soit plus de 600 000 français-es) ? Et bien je suis un enfant/ado intersexe, et ça, c'est la réalité, ma réalité, je suis né comme ça naturellement - même si beaucoup d'adultes l'ignorent ou pense que c'est forcément un problème médical à "régler d'urgence" et sans le consentement de l'enfant.
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Le genre de la personne
Mon identité de genre, c'est de me dire fille, ou garçon, ou ni l'un ni l'autre, ou... - et cela, quelques soit ce qu'il y a entre mes jambes.
Schématiquement, il y a 2-3 cas de figure : on peut être une personne cisgenre, une personne transgenre ou une personne non-binaire.
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- Si je me reconnais dans le genre qu'on m'a assigné à la naissance, on dit que je suis cis-genre. Je fais partie des 97% des personnes pour qui leur identité de genre ne pose pas de problème socialement et qui n'ont pas à se poser radicalement la question de la construction du genre.
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- Si je ne me reconnais pas dans le genre qui m'est pas assigné à la naissance, par exemple si je suis né avec une vulve et que je dis "je suis un garçon", eh bien, je ne suis pas en train de dire : "je n'ai pas de vulve". Je dis juste : "je me reconnais socialement comme un garçon". Et je suis un garçon transgenre. Et je vais sans doute souhaiter qu'on parle de moi en disant "il", et pas "elle".
Si je suis née avec un pénis mais que je me reconnais comme une fille, je suis une fille transgenre. Et je vais sans doute souhaiter qu'on dise elle et pas il pour parler de moi.
Car le genre, c'est une construction sociale.Je ne suis pas en train de nier la nature. Et d'ailleurs, depuis quand mes organes génitaux c'est l'affaire de mes profs, des passants ou même de mes parents ? Les enfants/ados cisgenres doivent-ils constamment justifier de leur pénis et de leur vulve ?
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- Si je ne me reconnais ni fille, ni garçon, ou que je passe de l'un à l'autre, etc. je peux me dire non-binaire : c'est à dire en dehors de la stricte binarité filles/garçons. "Non-binaire" peut recouvrir beaucoup de diversités de genre. Le pronom pour parler de moi sera sans doute "iel", mais pas forcément.
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Si je suis transgenre/non-binaire, je dois faire avec un corps qui peut être en décalage avec ce que je ressens que je suis profondément - ou pas. Et ça me regarde, moi - et pas vous, sauf si je vous en fait part bien sûr. Si je décide de prendre des hormones ou de faire des opérations, c'est encadré très strictement par la loi, et pour quasiment toute modification, il faudra attendre d'avoir 18 ans. Je ferai alors partie des 0,33% de français-es concerné-es. (Loin du danger annoncé pour le genre cis !).
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L'expression de genre
C'est la manière dont mon genre est perçu socialement. J'ai les cheveux longs, je me maquille, j'ai une jupe : je suis une fille ? Ah bon ? Forcément ? J'ai les cheveux courts, j'écarte les jambes, je coupe la parole facilement : je suis un garçon ? Ah oui, forcément ? J'ai une expression de genre ni fille, ni garçon, ou les deux... je n'ai pas le droit ? Ou je ne suis plus considéré-e par mes camarades ? Ah bon, et pourquoi ?
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L'orientation sexuelle et/ou amoureuse
Ça correspond aux personnes qui m'attirent amoureusement et quand je grandis, aux personnes qui m'attirent sexuellement. Ce n'est pas un choix, une lubie, c'est une donnée. Et ça peut évoluer. Et ça me regarde.
Si je suis une fille amoureuse de filles, je suis lesbienne. et c'est super ! Si je suis un garçon qui est amoureux de filles, ou une fille amoureuse de garçons, je suis hétéro, et c'est très bien aussi. Je suis un garçon amoureux des garçons... je suis gay : top. Je suis amoureux de filles et de garçons, je suis bi : génial.... ah et je peux aussi être amoureux-se d'une personne trans/non-binaire...je suis pan. Et je n'ai pas besoin d'avoir une relation amoureuse (ou plus tard sexuelle) pour me dire ci ou ça ! C'est comme je sens mes attirances.
Et si je suis amoureux-se de personne ? Qu'être amoureux-se, ou être attiré sexuellement, ce n'est pas mon truc, malgré des amitiés fortes par exemple ? Je suis aromantique (pas amoureux-se) ou asexuel-le (pas d'attirance sexuelle).
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Et les quatre critères sont indépendants
Je peux avoir une expression de genre féminine (cheveux longs, imberbe, délicatesse des gestes), et être un garçon cis-hétéro, amoureux d'une fille, pourtant on va dire que je suis un 'pédé'. Je peux être bi, être une fille cis, et pourtant avoir une allure masculine avec cheveux courts, pantalons larges... Je peux avoir tous les traits d'un garçon et pourtant être non-binaire, ou même en fait me sentir surtout fille et être transgenre.
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Les violences de genre :
ne pas comprendre d'emblée, c'est normal, manipuler la réalité c'est grave !
Bizarre ? Vous avez dit bizarre ?
En effet, surtout je suis une personne cishétéro, je vais avoir tendance à me dire que moi, ce que je vis, et mon corps, c'est normal : un corps de garçon puis d'homme avec un pénis, ou un corps de fille puis de femme avec une vulve, normal quoi ! Même si je trouve mes épaules trop ou pas assez larges, etc. Et si je suis un garçon, un homme, je vais être peut-être être habitué à parler fort et à couper la parole. "Pas très poli, ok mais normal, je suis un garçon, je ne vais pas me laisser faire comme une fiotte quand même !"
Et puis ces histoires de genre là, c'est un peu compliqué, c'est "bizarre", pas "naturel" et pas très "normal". Et en effet : ce n'est pas la norme, ce n'est pas la manière de se considérer qui est partagée par la grande majorité des gens, même si beaucoup de filles et de femmes, et quelques garçons et hommes, remettent en cause la domination masculine.
Et puis le genre lié au sexe (vulve--> fille et pénis --> garçon) c'est rarement remis en cause : donc normal si je ne trouve pas ça d'emblée normal. Si je suis cishétéro, j'ai passé ma vie, élevé-e comme ça au milieu de personnes qui pensent massivement comme ça. Mais ce n'est pas parce que c'est ma réalité et la réalité de la majorité que c'est la réalité de tout le monde. Chacun-e est différent-e : c'est vrai pour les corps et c'est vrai aussi pour le genre ou l'orientation amoureuse et sexuelle de chacun-e.
Ce n'est pas 'un truc de LGBT', c'est juste être libre d'apprendre qui on est vraiment et ce que l'on aime, et c'est en fait assez simple et libérateur. Et ce n'est pas plus sexuel que d'être cis-hétéro, ça l'est sans doute moins : si je suis cis hétéro, je ne me rends pas compte que quasiment toutes les histoires qu'on me raconte depuis petit parlent "d'amour" entre un garçon et une fille, et que très vite, partout à la télé, dans les chansons, etc. quasiment tout parle de sexe et de sexualité adulte. Et ça, ça n'a rien de naturel. C'est juste un héritage de la bourgeoisie européenne du XIXème siècle. A d'autres périodes et sous d'autres latitudes, la transidentité a existé et existe encore, tout comme les orientations sexuelles diverses, y compris celle de se détourner de la sexualité. Quant aux animaux, beaucoup d'entre eux, notamment des mammifères, pratiquent l'homosexualité ou la bisexualité, et certains animaux changent même de sexe au cours de leur vie, d'autres sont hermaphrodites... l'argument à géométrie variable de la nature pour dicter ce qu'on fait de nos corps et de nos désirs, ça ne tient pas.
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Alors qu'est-ce qui est le plus bizarre ?
Beaucoup d'adultes trouvent normal de demander à un enfant de 5 ans : "Alors c'est qui ton amoureux-se ?" Et d'insister pour avoir un nom (même si l'enfant finit par traduire ça par "machin-e est gentil-le, je vais dire que c'est elle/lui", sans savoir qu'après on lui demandera peut-être de lui faire un bisou ("oh sur la bouche, oh oh oh" c'est trop mignon !) et on fera des allusions au fait qu'il/elle se mariera et aura des enfants, bref qu'ils auront des relations sexuelles)... On projette des relations amoureuses et sexuelles sur des petits enfants et on trouve ça normal (tant que ça reste cis-hétéro).... Mais deux filles de quinze ans qui osent être tendres l'une avec l'autre dans la rue, sans même "se bécoter sur les bancs publics", pour beaucoup d'adultes, c'est un scandale... et il ne faut pas attendre plus de quelques minutes avant d'avoir des hommes adultes leur dire : "On va vous violer" (avec toute la créativité verbale limitée aux mots-clés des moteurs de recherche du porno) : et ça, les adultes laissent faire... Alors qu'est-ce qui est normal ? La moyenne d'âge de l'accès au porno en France est de 11 ans, normal aussi ? (La moyenne les ami-es! : un peu de maths de CM2 et vous aurait compris qu'en CM2 beaucoup d'enfants ont déjà vu des films où "des beaux-pères défoncent leur petite salope qui après avoir dit non en fait aime trop ça") . Normal ? Naturel ? Ou culture du viol ultra-répendue ? Quant aux jeunes trans, la panique morale en fait un crime sans même comprendre ce qu'il en est concrètement. Tout d'abord, il n'y a aucune opération sur des mineur-es trans en France, quand bien même les parents seraient d'accord, quand bien même l'enfant vivrait une dysphorie de genre anxiogène depuis la petite enfance. En revanche, si un-e enfant présente des caractères intersexes bébé, enfant ou ado , il devra subir des mutilations génitales et une hormonothérapie souvent de force, au non de la pure binarité de genre (binarité de genre qui n'est pas naturelle donc mais culturelle). Et ça, ce serait normal ? Pousser par un discours déshumanisant, au harcèlement d'enfants "pédé" "gouines" ou trans jusqu'à ce qu'iels se suicident, c'est normal ? Quand on parle de lutte contre le harcèlement scolaire, pourquoi ne parle-t-on pas ouvertement des causes du harcèement ? Car concrètement cela ne sort pas de nulle part. Est-ce normal de "lutter contre le harcèlement" mais de laisser perdurer une culture transphobe, d'homophobe ou raciste et de validiste ?
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Rien de bizarre à protéger tous les enfants... mais plus que suspect de dévier l'attention des vraies violences.
Il est grand temps de revoir, nous adultes, nos priorités en terme de protection des enfants et des ados. Tenter sincèrement de comprendre ces questions, ne pas être d'accord mais s'interroger sur son propre positionnement, déconstruire des rigidités idéologiques ou religieuses et ses privilèges pour mieux s'approcher de ces questions et les aborder à hauteur d'enfant, c'est un travail parfois pas évident mais nécessaire.
A moins que - bizarrement ? - pour certains et certaines, déclarer les protéger ne soit qu'un prétexte pour dévier l'attention de là où les violences se font réellement, massivement : dans les familles. Et aussi dans l'église (les cultes plus généralement), dans les écoles, ou encore sur internet, "délocalisée" dans les pays pauvres.
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Dans la droite ligne des violences sexuelles
LES VIOLENCES DE GENRE, LA RACINE DU MÂLE
Ne laissons passer aucune violence. Faisons cesser l'enfumage qui voudrait séparer les violeurs d'ados des artistes. Ne laissons passer aucune manipulation diabolisant les personnes trans qui n'ont qu'un but : protéger la famille traditionnelle et détourner l'attention de ce qui fait la masse des violeurs d'enfants. Ne laissons pas couler la énième "blague" du collègue sur "les gouines qui nous les cassent". Refusons que les garçons ont encore pris toute la place dans la cour de récré pour jouer au foot (enfin pas tous, seulement "les vrais"). En tant que porfessionnel-les on a le devoir de protéger les enfants et donc de ne pas laisser passer. Car c'est toute cette culture de la domination de certains sur les autres qui non seulement est injuste, à l'envers des valeurs républicaines, mais qui est le creuset qui permet aux violeurs d'agir en toute impunité. Alors tant mieux si de tout ça, on ne peut plus en rire !
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Comment travailler au quotidien pour que les enfants vivent sans ces violences - qui peuvent nous-mêmes nous toucher ?
Commencer à s'informer nous-mêmes, trouver et partager des ressources, s'organiser pour des actions, c'est le but des pages en lien ci-dessous.​

Protégeons les filles et les femmes de la misogynie.
Et laissons tous les enfants, (filles, garçons et enfants non-binaires) se construire librement.
Les violences liées au genre sont massivement des violences contre les filles et contre les femmes. Si je suis une fille je suis en moyenne moins encouragée, moins écoutée, moins soignée, moins nourrie. J'ai moins le droit de prendre la parole en groupe, moins le droit de décider et plus le devoir de servir. Moins le droit de me plaindre et plus le devoir d'être compatissante, plus de chance d'être rabaissée et moins de chance d'être valorisée. Et je grandis avec des modèles féminins encore très infériorisés, l'espoir d'un salaire moindre... et anonyme ou star, le risque dans un coin de l'esprit de me faire frapper voire tuer par mon compagnon - ou justement parce que je n'ai pas de compagnon mais une compagne. Et avant même d'être vraiment adolescente, je devrai faire attention aux hommes dans la rue et subir leurs propos pornographiques (et leurs attouchement) sur mon corps.

Protégeons les enfants et les ados ayant une autre orientation amoureuse et/ou une autre identité de genre que celles de la majorité
Lesbophobie, gayphobie, biphobie, panphobie,transphobie, ambyphobie... et dicrimniations autour de l'expression de genre. De l'invisibilisation à la haine de rue, des discours "gayfiendly" ("mais je veux quand même avoir des petits-enfants bien comme il faut") à la mise au péché religieux jusqu'à la haine néo-nazie, 50 nuances de LGBTQIA+phobies menacent les enfants et les ados concerné-es.

Protégeons les enfants et les ados des mutilations pour des raisons de croyances religieuses et "médicales" autour de leur genre
Qu'il s'agisse de l'excision des petites filles car leur rôle ne serait que d'être violées pour devenir des mères, ou des enfants intersexes qui doivent forcément avoir soit un pénis soit une vulve "bien comme il faut", les mutilations d'enfants restent nombreuses et ont de graves conséquences, même lors d'actes chirurgicaux à l'hôpital.
Plus de ressources
Plus de violences sur le sexisme et les violences faites aux filles et aux femmes / les violences masculines
En dehors des violences sexuelles sur mineur-es
PODCASTS
Les podcasts de Camille Regache sont très clair et très simple d'accès. Merci