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Prévention pour enfants et ados :
L'EVARS à la lumière des  préconisations de la CIIVISE

L'EVARS et les préconisations de la CIIVISE

On va s'interroger ici sur la manière la plus adaptée de le faire dans le cadre  des préconisations de la CIIVISE :

- celle concernant l'EVARS en tant que telle (n° 80);

- celles qui lui sont liées.

Des pistes concrètes d'application sont proposées, dans l'idée qu'on ne peut pas attendre un plan national de mise en place.

Préconisation 80 :

a/ assurer la mise en œuvre effective à l’école des séances d’éducation à la vie sexuelle et affective (EVARS)

b/ et garantir un contenu d’information adapté au développement des enfants selon les stades d’âge

Pistes de travail :

a/ Qu'est-ce qui nous empêche de faire 3 séances par an ?

1/ le manque de formation

--> demander des formation au catalogue de formation continue

--> co-organiser des formations syndicales (droit d'y participer garanti, y compris sur le temps de travail)

--> participer avec des collègues à des formations associatives

--> s'auto-former (comme sur pro-enfance ou d'autres sites).

2/ le manque de matériel pédagogique comme base à partir duquel construire des séances dignes de ce nom

--> utiliser celles de Pro-enfance, faire circuler les ressource, nourrir celles de Pro-enfance, des syndicats, des collègues sur le net et d'autres sites

3/ la crainte de mal faire : c'est trop intime

--> apprendre à enseigner avec d'autres méthodes, moins frontales. Sinon on risque de confronter les enfants à des contenus pas adaptés*.

--> travailler en équipe et de faire des groupes d'analyse de pratique pour anticiper, débriefer et apprendre des un-e des autres de manière constructive et bienveillante

--> faire appel à des intervenants extérieurs avec qui vous vous sentez en phase et avec qui vous pouvez construire une continuité d'apprentissage

4/ la crainte de devoir se justifier et de ne pas bien savoir le faire

--> préparer en équipe, même avec des collègues d'autres établissements (via le syndicat, via internet, ici-même)

--> prendre son temps, commencer petit, avec des objectifs simples et où on se sent assez à l'aise soi-même.

-->  tenter de co-intervenir à deux au moins pour les sujets les plus délicats  : vous aurez toujours un feed-back de la classe

 

5/ la crainte de représailles de certains parents, sans soutien de la hiérarchie ni des collègues :

--> être soutenu par son assurance juridique et son syndicat + des assos

--> être soutenu par ses proches

--> savoir que les parents incesteurs, même s'ils prétendent "avoir le bras longs", ne peuvent rien si vous êtes amenés à signaler en suivant les règles de base.

--> savoir que les organisations militantes intégristes de parents ne peuvent pas vous poursuivre pour faire votre travail. S'il y en a dans votre établissement, prenez le temps de de bien connaître les textes, de ne pas travailler seul-es et de construire vos séances le coeur en paix. On ne se laissera pas intimidé-es.

--> voir les aides en bas de la page SIGNALEMENT.

*Ex: lors d'une séance de questions en non-mixité,  répondre de manière "scientifique" , professorale, à des questions directement importée de la pornographie, comme si elles n'étaient pas chargée d'une question plus fondamentale à savoir si les adultes valident ça - et alors qu'en plus certains élèves n'ont pas du tout encie d'être confronté à la simple évocation d'actes sexuels adultes - mais peuvent être ouverts au fonctionement de organes génitaux pour comprendre leur corps en devenir.

b/ comment garantir un contenu d'information adapté au développement des enfants selon les stages d'âges ?

1/ en s'assurant de bien comprendre les stades de développement des enfants.

--> se baser sur les théories les plus pertinentes sans en faire une religion. La théorie de Piaget peut servir de repère mais reste très mécaniste et universaliste. La théorie freudienne a montré son intérêt mais a été tellement en dessous de tout en terme de protection de l'enfance dans les cas d'inceste et de séduction perverse adulte qu'il ne faut en garder que les approches 'hérétiques (Ferenszi, Racamier).

2/ en privilégiant les approches psychologiques qui prennent réellement en compte la gravité des violences sexuelles subies par les enfants et dont la théorie se façonne à l'épreuve de cette réalité, notamment les travaux en psychotrauma réalisés en France et massivement depuis bien plus longtemps dans les pays scandinaves, anglosaxons ou francophones comme le Canada et la Belgique.

3/ en s'assurant de bien comprendre le terme "enfants" au pluriel :

--> en ne remplaçant pas le terme "enfants" au pluriel par le terme "enfant" au singulier neutre universel qui au final signifie toujours "garçon blanc valide de classe (moyenne ) supérieure et qu'on projette forcément hétérosexuel, futur père de famille, et sans doute de tradition chrétienne",

--> donc en co-construisant ces contenus avec des adultes et des enfants concerné-es  à partir aussi de leur point de vue et préoccupations. Au moins en leur demandant avis pour relecture.

4/ en se retroussant les manches ! Et on collabore. Contrairement à toutes les autres "matières"", quasiment aucun contenu complet n'existe sur les violences (supports, fiches de préparations, forums de profs dédiés).

--> étape 1 : on fait appelle à l'expertise des écoles qui font de a prévention systématique depuis des années, récolte tout, on s'inspire et on se focalise sur la prévention des violences

--> étape 2 : on lance des dialogues sur les forums de profs pour avoir des retours plus vaste

--> étape 3 : on structure ce qui est le plus adapté par tranche d'âge, on veille à la diversité  des enfants à qui on s'adresse et aux approches psychologiques adaptées pour proposer des approches et des dispositifs ajustés (pas uniquement des contenus bruts)

--> on crée les contenus manquants, on demande à des artistes et auteur-ices de s'y mettre, afin d'avoir des supports variés.

+

Autres préconisations de la CIIVISE : prévenir et repérer les victimes  de manière systématique

Préconisation 1 : Organiser le repérage par le questionnement systématique des violences sexuelles auprès de tous les mineurs et auprès de tous les adultes par tous les professionnels

Préconisation 2 : Organiser le repérage pour les tout petits en s’appuyant sur le carnet de santé qui permet de vérifier le suivi médical

Préconisation 3 : Intégrer l’incestuel dans la pratique du repérage

Préconisation 4 : Intégrer les cyberviolences dans la pratique du repérage

Préconisation 5 : Intégrer le repérage des violences sexuelles dans les consultations de jeunes filles mineures pour une IVG et pour toute grossesse précoce

Préconisation 70 : Généraliser le repérage des facteurs de risque par tous les professionnels, en particulier :- Violences conjugales- Grossesse.

Préconisation 6 : Intégrer le repérage des violences sexuelles dans les consultations à la suite d’une tentative de suicide d’un enfant ou d’un adolescent

Préconisation 7 : Evaluer la mise en œuvre des 2 rendez-vous de dépistage et de prévention à l’école primaire et au collège

Préconisation 8 : Instaurer un entretien individuel annuel d’évaluation du bien-être de l’enfant et de dépistage des violences

Préconisation 11 : Former tous les professionnels au repérage par le questionnement systématique :

- En garantissant une doctrine nationale par la formation avec l’outil « Mélissa et les autres » de la CIIVISE ;

- En mettant en œuvre le plan de formation initiale et continue des professionnels impulsé par la CIIVISE.

Pistes de travail :

Comment créer des contenus de prévention qui permettent aussi le repérage ?

1/ en travaillant avec des psychologues spécialisé-es en psychotrauma.

--> prendre en compte ce qu'est la mémoire traumatique

--> prendre en compte la silenciation sociale adulte

--> prendre en compte le fait que les auteurs ont souvent l'autorité parentale

--> prendre en compte l'attachement de l'enfant à l'auteur s'il est un parent ou un adulte aimé des parents

--> prendre en compte l'incestuel et les violences psychologiques de type contrôle coercitif et adultisation/sexualisation de l'enfant (projection d'une sexualité adulte sur les désirs de l'en
 

2/ en utilisant des contenus qui n'infèrent pas a priori les violences précises, mais qui permettent de les nommer : l'exemple du projet Le Loup de Mai Lan est pour cela remarquable.

--> Centré sur le vécu de l'enfant et le système de silenciation, l'album lu en premier dénonce des violences intrafamiliales, mais ne disent pas lesquelles. Des enfants peuvent aussi parler de coups et de violences psychologiques, avec leur mots.  Elles et ils peuvent aussi dénoncer un inceste, l'inceste précis qu'il/elles vivent. Les mot adultes, plus "savants" viennent ensuite structurer l'interdit et les modalités possible de la réaction à la violence. On peut aussi en amont travailler sur le fait de nommer l'anatomie et de  poser des interdits simples, comme dans l'album pour plus petits "C'est MON corps !"

3/ en préparant à l'avance toute la chaine de signalement si des enfants dénoncent des violences

--> se mettre d'accord sur les procédures, qui fait quoi et notamment : signalement automatique au Procureur (et non l'information préoccupante)  en cas de violences sexuelle ou risques de violences (toute violence sexuelle sur mineur, encore plus intrafamiliale, est grave). Voir la page Signalement.

--> prévoir qu'une réunion aura lieu le jour même, même brève.

--> rappeler ces recommandations ainsi les bases du signalement dans les documents de prévention

​4/ en préparant des contenus qui impliquent aussi les autres jeunes, notamment les plus grands, auxquels les plus petits pourraient parfois plus facilement se confier pour ensuite trouver l'aide adulte adaptée.

--> s'inspirer de #wamitoo

5/ en préparant des contenus qui prennent en compte l'usage du numérique selon les âges

--> usage des réseaux sociaux (pour le pire mais aussi pour le meilleur) ; s'inspirer de #wamitoo.

--> consommation de pornographie dès le collège.

6/ En intégrant la réalité des TS, grossesses précoces et violences de couple chez les adolescent-es.

7/ En commençant à penser à ce que pourrait être un rendez-vous de bien-être, et créant des supports pour les créer. Au moins de manière informelle si le cadre réglementaire ne le permet pas encore comme prévu.

--> Que les enfants sachent qu'à l'école on se soucie ou qu'on devrait se soucier de leur bien-être de base avant de se soucier de leurs livrets scolaire.

--> En organisant des rendez-vous même informels, même entre enfants, où les enfants pourraient évaluer leur bien-être dans différentes sphères de leur vie, en parler ou pas, à qui elles/ils veulent, que ça reste confidentiel, mais que ce soit fait et que les adultes veillent à ce que chaque enfant ait pu se confier à au moins une personne. Ou qu'il ne l'a pas fait par choix, par par rejet. Et qu'en amont et en aval on prépare et on débrieffe, sur le modèle des conseils de classe.

+  
en prévoyant des dispositifs de soins pour les enfants

En prenant soin au plus vite de manière spécialisée des jeunes victimes

Préconisation 71 : Dispenser rapidement des soins spécialisés du psychotaumatisme aux enfants victimes de violences sexuelles au titre de la prévention primaire

Pistes de travail :

Cela demande la création d'un réseau de professionnel-les de santé spécialisé-es à un niveau local :

- Dédier une réunion annuelle entre direction et service médico-social sur le sujet;

- Constituer une liste de professionnel-les formé-es, en lien avec les associations spécialisées, et mise à jour par les retours des jeunes en bénéficiant;

- tenter de mieux coordonner le parcours de soin des enfants et des jeunes placé-es par l'ASE.

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en prévoyant des dispositifs de préventions des risques pour les professionnel-les

En mettant en place des dispositifs de soutien pour les pros

Préconisation 16 : Créer une cellule de conseil et de soutien pour les professionnels destinataires de révélations de violences sexuelles de la part d’enfants

Préconisation 17 : Garantir l’immunité disciplinaire des médecins et de tous les professionnels

Préconisation 18 : Renforcer les moyens des services sociaux et des services de santé scolaires de la maternelle au lycée

Préconisation 19 : Veiller à prendre en charge le traumatisme vicariant des professionnels, via l’organisation d’un suivi psychologique individuel ou (et de préférence) collectif (analyse des pratiques)

Et en mettant en place des limites clair de respect  et de déontologie excluant les potentiels agresseurs de travailler avec les enfants

Préconisation 72 : Renforcer les dispositifs de prévention et d’écoute comme le numéro STOP des CRIAVS

Préconisation 75 : Interdire systématiquement l’exercice de toute activité susceptible de mettre une personne condamnée pour violences sexuelles en contact avec des enfants

Préconisation 76 : Renforcer le contrôle des antécédents lors du recrutement puis à intervalles réguliers

Préconisation 77 : Organiser le contrôle des établissements accueillant des enfants (de manière préventive, et en lien avec les remontées d’information relatives aux signalements, et les retours d’expérience/plans d’action qui y feront suite)

Préconisation 78 : Former les professionnels au respect de l’intimité corporelle de l’enfant

Pistes de travail :

Sur le terrain plusieurs obstacles  au niveau humain :

- souvent aucune volonté de la part de la hiérarchie, voire une volonté claire de ne pas "faire de vagues" car "les parents sont en colère quand les enfants parlent" et puis "ce n'est pas la priorité académique".

- il n'y a quasiment pas d'offre de formation, il n'y a souvent pas d'argent pour faire appel à des intervenant-es spécialisé-es.

- les conditions de travail empirent, les collègues sont toujours plus sous pression : pourquoi s'exposer encore plus ?

- le taux d'agresseurs parmi les profs et autres personnels en contact d'ados et d'enfants est malheureusement important. Le taux de profs qui dans leur vie personnelle ou  professionnelle ferment les yeux l'est encore plus.

 

Propositions :

- agir en équipe autant que possible pour réfléchir sur les séances et pour débriefer, si possible organiser des séances d'analyses de pratiques encadrées par la/le psy scolaire si elle/il est formé-e à la question;

- toujours privilégier les interventions à deux pour prévenir les dérapages et rester attentif-ves aux réactions des enfants/ados;

- prévoir les interventions avec une association spécialisée en intervention directe ou en soutien en cas de doute sur le contenu et les dispositifs.

"Mélissa et les autres" :
La formation interprofessionnelle de la CIVIISE

La CIIVISE a mis en place un livret de formation, accompagné d'une vidéo, intitulé Mélissa et les autres.

La petite vidéo est très bien jouée, le scénario permet une plongée réaliste et directe dans la vie d'ados incestées enfin protégées. A regarder avant de commencer.

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